Hallux Valgus
Il n’est pas rare de consulter pour des douleurs aux pieds, ou pour une déformation, sous forme de « bosse » au « gros orteil », ou pour les deux. Cette affection, s’appelle hallux valgus. C’est douloureux, le chaussage devient difficile et les chaussures deviennent progressivement insupportables. Surtout avec des talons hauts!
L’hallux valgus est une déformation progressive, très fréquente, touchant davantage les femmes (dans 70% des cas) que les hommes. Selon une méta-analyse portant sur 76 publications concernant 496 957 personnes, cette déformation atteint 23% des individus adultes âgés entre 18 et 65 ans et plus de 35 % après 65 ans. Cela représente plus de vingt millions de personnes en France. Mais seules 70 à 100 mille interventions chirurgicales sont pratiquées par an.
Qu’est-ce qu’un « oignon » ou qu’est-ce qu’un Hallux Valgus ?
C’est une déformation parfois douloureuse du pied appelée « hallux valgus », ce qui veut dire que le gros orteil se déporte exagérément vers le dehors, l’extérieur du pied. Avec un avant-pied qui s’élargit. Pourquoi et d’où vient cette déformation ? Parce que le premier rayon : qui est fait du premier métatarsien et de 2 phalanges : le 1e métatarsien s’écarte du 2e métatarsien et le gros orteil, qui est constitué de 2 phalanges se déporte vers l’extérieur, et qu’il existe un relâchement partiel des tendons, des capsules et des aponévroses.
L’ « oignon » n’est pas un nouvel os qui a poussé. Cette « bosse » sous la peau frotte contre la chaussure et crée un conflit à l’origine de la douleur, il s’y associe une rougeur qu’on appelle une « bursite ». Bursite est donc le terme qui désigne la formation entre la peau et l’os d’une petite poche qui peut s’enflammer, contenir parfois du liquide.
Comment la déformation se crée t-elle et comment elle survient,
par quel mécanisme se produit-elle ?
Cette divergence entre le 1er et le 2ème rayon osseux concerne 10% de la population surtout les femmes (la majorité des cas). La cause de cette déformation est multiple et complexe, elle est acquise dans 60 à 70 % des cas et innée dans 30 %. La chaussure peut être incriminée dans les formes acquises mais ce n’est pas seulement à cause de la chaussure.
C’est aussi la forme et la mobilité des tissus osseux et des parties molles qui jouent un rôle et participent à la création de cette déformation qui devient douloureuse. Les composants qui créent ou précipitent la création de la déformation sont : le pied plat, le gros orteil trop long (pied égyptien) dit « hallomégalie », les antécédents familiaux (30 %) ou la surcharge pondérale. Cette affection peut survenir aussi sur des pieds creux. La chaussure précipite et/ou aggrave le relâchement des tendons et de la capsule.
Comment soigne t-on l’hallux valgus ?
Tous les hallux valgus ne sont pas à opérer. Le traitement est médical d’abord, conservateur.
Il consiste à revoir la façon avec laquelle on se chausse. En effet, il est prouvé que les chaussures jouent un rôle déterminant dans l’aggravation de l’hallux valgus.
a. Comment s’opposer à l’arrivée de cette déformation, et à sa progression ?
On peut retarder l’évolution et prévenir les conséquences du déséquilibre avec des chaussures en tissu ou en cuir souple, avec bout arrondi donnant assez d’espace pour les orteils en évitant les coutures face aux zones de friction. La forme de la semelle surtout si le pied est plat peut avoir aussi de l’importance. Porter une petite semelle avec support de l’arche interne peut rendre le chaussage confortable. En modifiant la répartition des charges sur les autres orteils. Elle sera réalisée par un professionnel diplômé en podologie.
b. Utilité des produits trouvés sur internet ou en pharmacie ?
Il y a des protections dites « séparateur d’orteil » ou « écarteur d’orteil » ou encore « espaceur » en silicone qui peuvent soulager provisoirement. De même qu’il existe des « orthoplastie », ou orthèse de réduction nocturne, qui sont des produits protecteurs en gel de silicone, et qui eux aussi peuvent atténuer temporairement la douleur mais cela ne change pas vraiment l’évolution de la déformation du gros orteil. Ils peuvent soulager, retarder un peu et dans certains cas empêcher la dégradation et l’aggravation.
c. La douleur du gros orteil (Hallux Valgus), impose-t-elle la chirurgie ?
Il n’y a pas de traitement médical connu et validé qui corrige la déformation. Seule la chirurgie permet de traiter la douleur en diminuant la déformation et en replaçant les attaches tendineuses en place. Mais un hallux valgus n’est pas obligatoirement synonyme de chirurgie. La décision repose aussi sur le degré de la gêne, sur la tolérance et surtout sur l’importance de la douleur.
La déformation de la chaussure, l’état des sésamoïdes et leurs positions interviennent dans la décision. On n’opère pas une lésion, ni une radio, encore moins une déformation mais un patient avec ses antécédents, ses pathologies. Le bilan de ces antécédents, et la balance bénéfices/risques évaluée avec le chirurgien et l’anesthésiste sont le fondement de l’indication chirurgicale et de la nature de l’acte opératoire.
Opérer un hallux valgus est une décision qui ne doit jamais être prise à la légère, des complications peuvent survenir, telle que cette hypercorrection entraînant un hallux varus post opératoire (photo ci-dessus).
d. Quand faut-il décider le traitement chirurgical ?
Les critères sont nombreux, la prise en compte des antécédents est capitale, mais la décision spécifique repose sur essentiellement 3 critères :
- La gêne fonctionnelle au chauffage qui est primordiale dans la décision (motive la moitié de la décision).
- La douleur au niveau de l’oignon ou sur les orteils latéraux qui est un élément clef de l’indication chirurgicale. Devient-elle invalidante ? Entraîne –t-elle une impotence ?
- L’importance de la déformation qui est un élément mais secondaire (15% ).
e. Quand faut-il se faire opérer ?
Il n’y a pas d’âge idéal, ni un moment idéal encore moins une saison idéale. L’intervention est faisable à tout moment. Elle est déterminée par la gêne fonctionnelle et la douleur. Il n’y a pas plus de risque d’infection nosocomial à un moment.
f. Âge idéal pour la chirurgie ?
On avait dit plus haut que les indications chirurgicales peuvent s’étendre de 15-16 à 85-86 ans, il est évident que toutes les techniques ne se valent pas. Certaines seront plus adaptées que d’autres. L’ostéoporose quand elle existe vient compliquer le choix d’une technique précise devant un type d’indication. La qualité de l’os intervient un peu dans le résultat, l’ostéoporose n’empêchant pas la bonne consolidation de l’os.
La chirurgie de l’hallux valgus est elle si douloureuse ?
Car sa réputation douloureuse est bien établie. La mauvaise réputation (la chirurgie du pied est dit-on très douloureuse et éprouvante) émane des techniques lourdes et larges avec une analgésie post-opératoir inefficace, voire absente. Actuellement, l’anesthésie dispose d’un éventail de protocoles antalgiques mais le plus souvent en proposant une anesthésie locorégionale il y a un effet antalgique qui dure plusieurs heures après l’opération et qui peut, si le chirurgien le demande et que le patient l’accepte, laisser un cathéter pour injecter des antalgiques et des anesthésiques in situ pendant 24 à 48 heures.
Suites post opératoires
Vous avez subi une opération du pied. Il est hautement recommandé de :
Dormir le pied surélevé sur un ou 2 oreillers toutes les nuits jusqu’à la prochaine consultation.
Ne pas passer toute la journée le pied vers le bas, surélever au moins à 3 reprises le pied pendant au moins une heure chaque fois.
Apporter tout votre dossier à chaque consultation : Radios, Scanners, IRM, Echographie, Etude d’empreinte, examens de sang – biologique ;
Eviter de mouiller votre pansement lors des douches et /ou des bains en mettant le pied opéré hors de l’eau ou enveloppé dans un sac ou sachet étanche et / ou imperméable à l’eau.
Porter votre chaussure post opératoire à chaque déplacement.
Faites des exercices de mobilisation de la cheville et des orteils plusieurs fois/jour.
➊ Ramener le pied et les orteils vers la jambe puis serrer et contracter très fort les muscles pendant 10 secondes.
➋ Relâcher au repos et compter jusqu’à 10 ensuite faite l’inverse vers la plante du pied. Contracter très fort les muscles et compter jusqu’à 10.
Si vous avez très chaud et si vous transpirer anormalement, prenez votre température. Si la température est supérieure à 38.5 °C, voir n° 11.
Prendre les médicaments contre la douleur (antalgiques) les premiers jours aux doses prescrites dans l’ordonnance qui vous a été donnée et ceci même en l’absence de douleurs.
Si vous avez très mal prendre un cachet marqué sur l’ordonnance : 1 cp au besoin.
Si la douleur est très forte et si elle vous empêche de marcher et/ou de dormir la nuit, voir n° 11.
Si vous avez l’un de ces signes : douleur très forte et/ou fièvre importante,appelez votre chirurgien, votre médecin traitant ou le services des urgences de la clinique ou de l’hopital où vous avez été opéré.
Comment éviter la récidive ?
La récidive existe, elle est essentiellement liée au chaussage
Le chaussage
Éviter la chaussure sérrée surtout s’il y a un con it entre le gros orteil et l’orteil voisin, c’est à dire si les orteils se chevauchent.
Prendre une nouvelle chaussurecar l’ancienne a déjà la mémoire de la déformation et risque de la reproduire.
Ne pas hésiter à choisir une pointure de plus ou une pointure et demi, avec un modele large devant, à bout arrondi.
Éviter les très hauts talons (il est possible de porter une chaussure à haut talon de temps en temps mais il faut que cela reste limité dans le temps). Si cela est autorisé, porter des talons inferieurs à 7 cm.
Chaussure de sécurité
Demander à avoir une chaussure de sécurité avec un modèle plus large et plus grand (1 à 2 pointures de plus) a n que le pied soit confortable.
Si nécessaire une attestation peut vous être donnée par le secretariat, ainsi qu’un courrier à votre médecin du travail.